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Re: Here's the French translation from Eco's work on supermen - Edit 4

Before modification by DomA at 11/01/2010 03:54:17 PM

Umberto Eco a raison de le dire, Le Comte de Monte-Cristo est un grand roman mal écrit: "Monte-Cristo part en tous sens. Débordant de redondances, répétant éhontément un adjectif à une ligne d'écart, accumulant avec incontinence ces mêmes adjectifs, ouvrant de sententieuses digressions sans réussir à les fermer car la syntaxe ne suit pas, avançant ainsi en haletant par périodes de vingt lignes, le roman est mécanique et gauche dans la description des sentiments."

There's more, but I'm about to eat dinner. This should give a good sense of how he feels about the book, no?


That merely touches on the beginning of his demonstration that Monte Cristo is not a great work of literature, but it leaves out the more important parts of his thoughts on the novel in his Eloggio del Montecristo in "Supermen"(that can be applied to quite a few other "too long/badly written" series or novels that have a huge and dedicated following... I've seen this quoted in essays on "Bleak House" or Defoe, and recently about Harry Potter. I've used it myself in a discussion on Robert Jordan):

"Si Dumas avait été payé non pas à la ligne en plus mais à la ligne en moins, s'il avait fait court, Le Comte de Monte-Cristo serait-il encore cette fantastique machine romanesque qu'il est ? S'il était abrégé, si la condamnation, la fuite, la découverte du trésor, la réapparition à Paris, la vengeance ou plutôt les vengeances en chaîne, se passaient en l'espace de deux cents ou trois cents pages, l'oeuvre produirait-elle un effet identique, réussirait-elle à nous entraîner même là où, dans l'impatience de
savoir, on saute les pages et les descriptions (on les saute, mais on sait qu'elles sont là, on accélère subjectivement tout en sachant que le temps narratif est objectivement dilaté) ? Ainsi, on découvre que les horribles intempérances stylistiques sont, certes, des « chevilles », mais qu'elles ont une valeur structurale, comme les barres de graphite dans les réacteurs nucléaires, ralentissant le rythme pour rendre nos attentes plus lancinantes, nos prévisions plus hasardeuses. Le roman dumasien est une machine à produire de l'agonie, et ce n'est pas la qualité des râles qui compte, c'est bien leur longueur.

"Le Grand Meaulnes d'Alain-Fournier est sans doute mille fois mieux écrit que le Comte de Monte-Cristo, mais il alimente l'imagination et la sensibilité d'un petit nombre, il n'est pas immense comme Monte-Cristo, pas aussi homérique, il n'est pas destiné à nourrir avec une égale vigueur et une aussi longue durée l'imaginaire collectif. C'est seulement une oeuvre d'art. Monte-Cristo au contraire nous dit que, si raconter est un art, les règles de cet art sont différentes de celles des autres genres littéraires. Et que peut-être on peut raconter, et faire de la grande narrativité, sans pour autant créer ce que la sensibilité moderne appelle une oeuvre d'art.

Il est des épopées bancales, qui ne donnent point naissance à une oeuvre parfaite mais à un fleuve boueux. Si elles n'obéissent pas aux règles de l'esthétique, elles satisfont en tout cas à la fonction fabulatrice, laquelle n'est pas aussi directement liée à la fonction esthétique."

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